Awareness about hydration

Prise de conscience par rapport à l'hydratation

Par Dave Clément | Ambassadeur xact nutrition

Le 12 août, j'ai pris le départ de mon premier ultra-trail officiel. Je m'étais fixé la barre assez haute considérant que je commençais avec un 100 miles et on peut dire que je suis passé en-dessous. Est-ce que j'ai réussi? Non. Est-ce que j'ai appris? Oh que oui! C'est bien beau la théorie, les lectures sur l'hydratation et la course en sentier, mais tant qu'on ne l'expérimente pas, ça reste des concepts.

Apprentissage 1 : Courir pour un entraînement et courir pour une course sont deux choses extrêmement différentes : Une fois le départ donné, je remarque que mon cœur bat un peu plus rapidement qu'à l'habitude. Avec le stress et l'excitation causés par l'ambiance, mon pace est plus rapide qu'à la normale mais les sensations sont bonnes. Avec la chaleur, je remarque que mon taux de sudation est drôlement élevé. Probablement un mélange de chaleur, de stress et de fébrilité. En entraînement, je ne regarde pas trop mon débit d'eau et j'y vais au feeling. Par contre, cette fois, je me donne comme défi de bien m'hydrater pour ne pas avoir de problèmes dans les prochains kms. Le premier ravitaillement est environ au 19e kilomètre. Malgré ces précautions, je manque d'eau environ 2-3 km avant celui-ci. Le litre d'eau avec les électrolytes que j'avais prévu n'est clairement pas suffisant pour cette chaleur humide.

Apprentissage 2 : Avec l'eau, trop c'est mieux que pas assez : Je ne parle pas ici de trop boire, mais plutôt de trop en transporter. Je quitte le 1er ravito avec une gourde supplémentaire en direction du deuxième. Le prochain est prévu au km 38. Je quitte donc avec 1,5 litre d'eau et pour l'instant, ça me parait énorme. Pourtant, rendu au km 30, je suis déjà en train de compter les kms et le nombre de gorgées qu'il me reste. Je commence à sentir la soif et je manque dangereusement de liquide pour m'hydrater. Heureusement, je croise une rivière.

Apprentissage 3 : Un filtre, ça prend de la place dans ta veste, mais c'est vraiment important : Je dois donc me remplir dans une rivière. Malheureusement, je n'ai pas mon filtre avec moi, chose que j'ai toujours lors de mes entraînements. Je prends donc le risque de puiser l'eau sans filtre plutôt que de me déshydrater. Je crains pour mon estomac.

Apprentissage 4 : Parfois, les parcours changent sans avertissement : J'arrive au km 38 et je termine ma dernière flasque comme il doit rester 500m avant le prochain stop. Surprise, surprise, le ravito n'est plus au km 38, mais bien au km 41. Je manque donc encore d'eau, une troisième fois en 40 km. Cette fois, j'alterne course-marche en espérant ne pas me déshydrater aussi vite.

Apprentissage 5 : Prendre son temps : En arrivant au 2ème ravito, je suis sur une pente descendante. Je suis un peu confus, je remplis mes trois gourdes et j'oublie que mon équipe m'attend avec des gourdes préremplies. Je prends un peu plus de temps que prévu, histoire de reprendre plus de liquide, mais ne voulant pas perdre trop de temps, je repars rapidement. J'arrive à courir, mais c'est de plus en plus difficile considérant le niveau d'eau et d'électrolytes manquants dans mon système. J'accuse un retard que je n'arrive pas à rattraper.

Apprentissage 6 : L'hydratation impacte aussi l'alimentation : Au 80e kilomètre, j'ai le feeling que ma course est terminée. Je n'arrive pas à bien m'hydrater, ce qui m'empêche aussi de bien manger : maux de cœur, maux de gorge et crampes musculaires. L'équipe médicale me dit que mon poids n'a pas bougé et que je suis bon pour repartir. Je la trouve drôle considérant la quantité d'eau dans mes souliers et mon linge complètement détrempé. Mes vêtements sont clairement mieux hydratés que mon corps. Mon équipe me motive et j'arrive à repartir de Saint-Tite-des-Caps. J'arrive dans la section de la Mestashibo, un sentier que j'affectionne particulièrement en temps normal, mais là avec tout ça, je n'ai pas de plaisir.

Apprentissage 7 : Le musculaire n'est pas juste relié à l'entraînement : Je ressens le manque d'eau et je sais que ça ne sera pas facile. Je dois m'asseoir pour descendre les grosses roches comme mes muscles sont complètement crampés. Plusieurs personnes, dans ces moments-là, vous diront que c'est un manque d'entraînement alors que j'ai des doutes.

Apprentissage 8 : Juste une petite boucle : Clin d'œil ici à mon pacer et à mon frère qui me poussent à monter le Mont-Sainte-Anne en me disant : c'est juste une petite boucle. Je me relève et je pars. La découpe du parcours en petites boucles rend le projet un peu moins compliqué. En se fixant des objectifs rapprochés, c'est plus facile d'atteindre les prochains ravitos et de rester motivé.

Apprentissage 9 : Si tu as froid, ce n'est peut-être pas juste la température : Une fois au sommet, j'ai le visage creusé, je tremble et mes pieds sont couverts d'ampoules. Je décide d'arrêter mon aventure. 106km plus tard, je n'arrive plus à découper le trajet en petites boucles et j'abandonne. Je prends le temps de prendre un bon verre d'eau chaude et de reprendre beaucoup de liquide puis, j'arrête finalement de grelotter.

Je termine cette aventure après de nombreuses heures à gérer mon hydratation d'une manière très déficiente et je comprends maintenant toute son importance. Le lendemain matin, je pèse 8 livres en moins en étant complètement sec. Dans les 2 jours suivants l'événement, je retrouve mon poids normal et mes muscles sont de retour, prêts pour l'entraînement prouvant ma théorie : mes muscles ne manquaient pas d'entraînement, ils manquaient tout simplement d'eau et d'électrolytes.